Angoisses existentielles « Depuis que l'homme sait qu'il
est mortel, il a du mal à être totalement décontracté >>, écrit Woody
Allen. Les angoisses existentielles, comme autant de moments de
conscience qu'un jour nous allons tomber malades, souffrir, mou-
rir, ne sont pas des idées délirantes (comme la certitude qu'un
jour les extraterrestres vont venir me prendre) : elles sont des idées
réalistes, et ce qu'elles annoncent s'accomplira tôt ou tard. Pour
certains, cette certitude est un obstacle définitif au bonheur : soit
philosophique (« À quoi bon être heureux, c'est dérisoire puisque
je sais comment tout cela va finir »), soit psychiatrique (« Je sais
que je me pourris la vie, mais je ne peux m'empêcher d'être hanté
par ces peurs »). Et, pour d'autres, ces certitudes d'une vie transi-
toire et endolorie représentent au contraire une motivation supplé-
mentaire : « Puisque nous allons mourir, puisque nous allons souf-
frir, comme tous ceux que nous aimons, autant savourer de toutes
nos forces ce qu'il nous sera donné de vivre. » Accepter que nous
sommes mortels et contempler régulièrement cette perspective,
pour devenir, de notre mieux, des mortels heureux et joyeux. Il
n'y a pas d'autre recette.