L'abbé Pierre a rejoint le paradis
L'abbé Pierre est mort à l'âge de 94 ans d'une infection pulmonaire [Keystone]
L'abbé Pierre, défenseur des pauvres et fondateur d'Emmaüs, est mort dans la nuit de dimanche à lundi à l'hôpital du Val de Grâce à Paris à l'âge de 94 ans, a annoncé le président d'Emmaüs France.
«L'infection pulmonaire pour laquelle il avait été hospitalisé après une amélioration tout au long de la semaine l'a finalement emporté», a indiqué Martin Hirsch, qui dirige Emmaüs France.
L'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, fondateur de la première communauté Emmaüs en 1949 (voir ci-contre), avait été hospitalisé le 18 janvier pour une bronchite.
Personnalité populaire
Fondateur des compagnons d'Emmaüs, résistant, ancien député et une des personnalités les plus populaires de France, l'Abbé Pierre avait consacré sa vie aux déshérités.
De son vrai nom Henri Grouès, l'abbé Pierre, né le 5 août 1912 à Lyon dans une famille nombreuse et aisée, effectue des études chez les Jésuites, avant d'entrer à 19 ans chez les Capucins, le plus pauvre des ordres mendiants. Malade, il doit les quitter peu après son ordination le 24 août 1938.
Affecté au diocèse de Grenoble, il devient vicaire de la basilique Saint-Joseph, aumônier d'un orphelinat, puis vicaire à la cathédrale de Grenoble.
Résistant en 1942
Sous l'Occupation, il entre dans la clandestinité en 1942, vient en aide aux Juifs, soutient les résistants du Vercors et réussit à faire évader Jacques de Gaulle, le frère du général de Gaulle. Arrêté en mai 1944 par les Allemands à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), il réussit à s'échapper et à rejoindre Alger.
Dans les années 80, alors qu'il est revenu sur le devant de la scène pour dénoncer "le chancre de la pauvreté", il lance sur les ondes un appel aux Français en faveur des 400'000 sans-abri, et pour défendre le droit au logement pour tous.
Intervenant dans la rue, à la télévision, ou encore à l'Assemblée nationale en janvier 2006, à 90 ans passés, l'infatigable Abbé Pierre n'a jamais désarmé.
Légion d'honneur
Cependant, en 1996, une polémique sur son soutien à l'écrivain révisionniste Roger Garaudy ternit son image. L'abbé Pierre retirera ses propos et s'en expliquera dans "Mémoire d'un croyant" (1997).
Promu Grand officier de la Légion d'honneur en 1992, il refuse de la porter jusqu'en 2001, pour protester contre le refus du gouvernement d'alors d'attribuer des logements vides à des sans-abri. En 2004, il est élevé à la dignité de Grand'croix.
En 2002, il avait appelé à voter Jacques Chirac au second tour de la présidentielle.
L'abbé Pierre, auteur de nombreux livres, dont une trilogie de pièces de théâtre, avait publié plusieurs témoignages sur sa vie, comme "Testament" (1994) et "Mon Dieu ... pourquoi?" (2005).
agences/ruc